Cette série est une recherche, menée comme à l'aveuglette, autour de l'adolescence et de
l'individualité. Une cartographie poétique de ce que cela pourrait être. Les yeux et les oreilles bien
ouverts, chaque petite chose devenant prétexte à la rencontre et à la photographie. Et c'est à l'une
des premières jeunes filles rencontrées qu'il faut rendre grâce : photographiée, à sa demande, à
visage découvert, dans une urgence subjective. Urgence qu'a provoquée la jeune fille elle-même
mais qui a finalement gagnée la photographe.
Nous ne sommes pas ici dans un lieu ordinaire mais dans un accueil médical pour adolescent.
Mais ce n'est pas du soin qu'il s'agit ici, ni de maladies, mais bien plus du développement des
corps, du déroulement du temps dans ce huis-clos qui vient se frotter à cet autre temps qu'est
celui de l'adolescence. Observer comment ce corps éprouve cette temporalité : accueillir ou non
l'ennui, marquer ce temps ou bien s'en abstraire, le corps que l'on retient encore dans l'enfance, la
féminité que l'on découvre...
L'adolescence comme une luminescence, un moment surnaturel puisque ouvert à tous les
possibles. Passer du positif au négatif comme on irait voir ce qui se trame sous la peau. Ou bien
faire comme ces enfants qui s'amusent à retourner l'image (le verso) en pensant qu'on pourrait y
trouver le dos d'un personnage qui est photographié de face.
Ces galaxies qui gravitent, les unes autour des autres. Et cette lumière qui éclaire parfois les
peaux de l'intérieur.
Projet réalisé en 2017 dans le cadre d’une résidence culture Santé, avec les patients et
soignants de l’Unité de santé de l’adolescent de l’Hôpital Saint Vincent de Paul à Lille ;
en partenariat avec l’ARS et la DRAC Hauts-de-France.
Le diaporama sonore a été montré une première fois à Arles (dans le off) à l’exposition
collective Supernatural organisée par Hans Lucas. La première partie du projet a été exposée
(dos bleu et tirages) au festival Circulation(s) en 2018.
Après avoir reçu le prix Fujifilm / Circulation(s) avec ce projet, Lucie Pastureau retourne
en 2018/2019 à la rencontre de nouveaux adolescents dans le même service
et y fait de nouvelles photographies qui viennent enrichir la série première
et dont une partie est exposée du 16 avril au 11 mai 2019 à la Fisheye Gallery à Paris.